[FB] Un crétin dans la ville.

Sujet: [FB] Un crétin dans la ville.

Il commençait à se faire à l'idée d'exécuter des missions sans aucun rapport avec ses intentions initiales, ce qui n'était pas le cas ici, ou plutôt, il ne savait pas s'il espérait que ça soit le cas ici. Très clairement, il avait été appelé par un des grands frères du clan pour une histoire de vendetta malchanceuse qui aurait eu lieu vers Jamestown alors d'un jeune frère aurait inconsciemment provoqué les Coglione. Il déglutit. On ne rigolait jamais avec les Coglione. Le petit s'était fait descendre après avoir tenu tête aux rivaux de sa famille, au détriment de sa propre sécurité. C'était un crétin, comme beaucoup de têtes brûlées dans la mafia, il n'avait pas pensé aux conséquences à long terme de ses actes et malgré son jeune âge, Kensei se revoyait avant son examen de Hunter, il y avait trois ans de cela. Avec de la chance, il ne s'en était pris qu'à des petites merdes d'un clan mineur qui leur cassait les arpions depuis un moment, manquant tout de même d'attirer les foudres de gangs plus influents de la région qui les soutenaient. Le vieux avait réglé le soucis en envoyant un cadeau très onéreux en dédommagement, ainsi qu'un message d'excuses que Kensei avait du remettre en mains propres, contraint de se prosterner sous peine de se voir exécuté sur place ou en rentrant.
Aujourd'hui, malgré son attitude de tête brûlée, il se sentait obligé de lever le voile sur cette affaire similaire. Il devait savoir ce qu'il s'était vraiment passé entre ce jeune et les Coglione, et proposer un service de même valeur à l'affront subi pour éviter de voir son propre clan décimé lors d'une guerre à sens unique.
L'institution n'avait pas encore établi l'état d'alerte anti-mafia, le premier-ministre était encore en poste, mais quelque chose laissait penser à Kensei qu'il valait mieux garder cet atout bien caché pour l'instant.
D'une démarche anodine, il s'enfonçait dans les ruelles à l'écart, à la recherche d'un commerce louche ou d'un rabatteur clairement associé aux maître du quartier : les Coglione. A force d'allers-retours dans la zone, il espérait au moins qu'on le trouve louche et qu'on vienne directement le débusquer.

Sujet: Re: [FB] Un crétin dans la ville.

Le ciel était gris. Depuis que je m’étais levé, le soleil n’avait pas réussi une seule fois à percer l’épaisse couche nuageuse donnant à la ville un air presque hivernal malgré la saison actuelle. Et maintenant encore alors que la journée commençait à sombrer derrière l’horizon, le ciel restait menaçant.

Confortablement assis sur un fauteuil en cuir, depuis le vingt-sixième étage de notre immeuble, j’avais une vue imprenable sur la ville qui petit à petit commençait à prendre ses parures nocturnes. Cigarette vissée entre l’index et le majeur d’une main, je tirais une bouffée entre chaque gorgée du verre de whisky que je tenais de l’autre. Peu actif de la journée, chose assez rare dans le milieu, il fallait avouer, je regardais White, mon chat noir, assis au sol devant la baie vitrée à regarder quelques oiseaux qui piaillaient sur la terrasse. Cela faisait bien trente minutes qu’il n’avait pas bougé. Aucun relent de prédateur en lui. Il s’était contenté de regarder le manège des volatiles. En silence. Sans même un miaulement ou un feulement.

White, un chat assis à le rien faire prendre une demi-heure. Quel idiot. Portant ma cigarette au bord des lèvres, je me frottais doucement les yeux. L’idiot au final, c’est plutôt moi qui avais regardé un chat assis par terre pendant près d’une demi-heure. Le verre vide, j’étais debout devant le bar à me demander si je prendrais un whisky double ou un whisky triple quand Shoon, un homme de main déboula sans crier gare. Le souffle court, quelques gouttes de sueur perlant de son front à la coiffure décolorée, il me lâcha quelques mots saccadés, tentant de reprendre sa respiration en même temps.

« Patron, y’a un type qui traîne depuis pas mal de temps dans le quartier. »

Les consignes étaient pourtant claires et pas nouvelles. Les petites frappes, les emmerdeurs de première et les caïds de bacs à sable issus des lycées et université devaient être virés avec perte et fracas s'ils s’avéraient un peu trop aventureux.

Devant mon air manquant nettement de bienveillance, le pauvre message se pria de finaliser le fond de sa pensée qui, a priori, avait du mal à sortir.

« C’est que … il semble pas être un type normal, un type de d’habitude. Il … »

Avant que Shoon, un surnom ridicule soit dit en passant, n’ai eu le temps de terminer sa phrase, ma main s’écrasa lourdement sur son visage. La paume plaquée sur sa face, d’un geste vif et emprunt d’une certaine force, sa tête s’écrasa sur le mur derrière elle. Bonne nuit Shoon, voilà le fond de ma pensée.

Enfilant ma veste noire suspendue sur le porte-manteaux, je récupérais également Suraïsa, mon katana accroché sur le porte-parapluie. Ce dernier n’était pas une lame de maître, mais d’une qualité certaine, bien plus qu’une lame ordinaire. Elle avait su démontrer son efficacité entre mes mains depuis quelques années déjà. Sortant de l’immeuble, la ville s’offrait enfin à moi pour la première fois de la journée.

L’air frais empli mes poumons en un instant avec tout son lot d'odeurs diverses et variées. D’un pas calme mais décidé, j’avançais dans les ruelles du quartier. Je savais où aller, notre homme ne semblait pas faire dans la discrétion. Alors que j’avançais tranquillement, la pluie se décida enfin à accompagner la nuit qui rejetait enfin les dernières lueurs du jour.

Mon homme était là, quelques pas devant moi, éclairé par un lampadaire branlant et quelques néons rouge et bleu annonçant un restaurant de poissons. Quant à moi, la nuit me gratifiait encore de son doux manteau. C’était l’occasion pour moi de faire une entrée en scène mémorable.

« Je suppose que tu n’es pas perdu … »

Mes mots se perdaient dans le vide sombre de la nuit. Seule la lueur de ma cigarette fraîchement allumée offrait un jeu d’ombre sur mon visage. Mon sabre à la main, j’avançais tranquillement sous le clapotis de la pluie et de mes semelles frappant les flaques d’eau jusqu’à me retrouver à une distance raisonnable de mon inconnu. Cette fois, j’étais clairement visible.

« … On passe rarement une journée dans le coin à fureter sans raison et en général, les petits fouineurs repartent d’ici sans leurs genoux. »

Tirant une longue bouffée sur ma cigarette, toute la fumée s’échappa de mes narines en expirants ce poison légal.

« Tu aimes tes genoux ? Alors tu sais ce qu’il te reste à faire … »

Le ton était calme, pas réellement menaçant et pourtant, il était suffisamment directif pour que n’importe qui comprenne le message envoyé.

Sujet: Re: [FB] Un crétin dans la ville.

Enfin ! Il avait fini de se curer le nez et de se débarrasser des preuves quand un gars déboula derrière lui avec une aura impériale et pleine d'assurance. Une grande inspiration de soulagement bomba le torse de l'adolescent qui acquiesça en pivotant lentement à mesure que l'autre parlait, jusqu'à pouvoir le regarder dans l'ensemble.
C'était un grand gars typique avec des vêtements typiques et dans les lumi-res flashy du restaurant voisin, il distinguait - y sans faire attention - les particularités physiques de son visage et l'odeur animale que le vent portait dans ce corridor.
La mâchoire crispée mais le regard posé, il continuait d'hocher la tête lorsque ses genoux touchèrent le sol et que son dos se vouta au point d'immobiliser sa nuque puis son visage à moins d'un centimètre du sol, les bras arqués de part et d'autre de son corps désormais totalement figé.

"Au nom du clan Nishijima, je viens vous demander pardon. Un de nos jeunes frères a commis un tort à votre famille et je viens m'assurer du paiement de cette dette."

Sa voix était neutre, sans provocation ni peur ; rien ne laissait penser qu'il pouvait croire profondément ce qu'il disait hormis la gestuelle plus qu'évocatrice de sa repentance. Il ne pensait pas que dire quoi que ce soit de plus était judicieux, l'homme en face ne déconnait pas le moins du monde, comme on pouvait s'y attendre venant d'un Coglione ; à partir de ce moment commençait une partie d'échecs où un seul mot ou geste inadapté le mettrait échec et mat dans le jeu de la vie.

Sujet: Re: [FB] Un crétin dans la ville.

Un gamin ? C’était donc un gamin qui faisait si peur à ceux qui se prétendaient de la mafia ? Une fois cette affaire terminée, certains des plus « vaillants » des pions deviendraient vite de la simple chair à canon que l’on envoie faire les pires besognes. Déjà que leur quotidien était de racler les fonds des rues pour en extirper la déchéance humaine et les petits malins se sentant pousser quelques poils, demain, pour avoir eu peur d’un adolescent, ils iraient récurer les chiottes des pires bouges de la ville. C’est ainsi que cela fonctionne dans notre monde et d’autant plus avec moi. Si tu espères évoluer, montre-le et agis en conséquence, sinon n’espère pas le moindre traitement de faveur.

Quant à notre problème actuel, le lycéen venait de se mettre à genoux. Se jeter à genoux serait d’ailleurs plus proche de la réalité. Le nez dans l’eau de plus crasseuse de la rue, il marmonna quelques mots, quelques excuses de la part du clan Nishijima concernant la faute d’un des leurs.

Les Nishijima, ce nom ne m’était pas inconnu. C’était un petit groupe, ou une petite famille, sans réelle force et influence en comparaison des Coglione. Je me souviens vaguement de ce dont parlais cet idiot en position de dogeza. Un type un peu éméché s’était senti pousser des ailes et avait fini dans le caniveau suite à une crise de saturnisme aigue, un plomb dans le crâne. Il ne pouvait pas le voir, mais un sourire malsain se dessinait sur mon visage. Quel plaisir d’avoir un tel invité alors que la journée avait été ennuyeuse à mourir.

M’accroupissant sous la pluie, mes vêtements désormais totalement trempés par les trombes d’eau, j’écrasais ma cigarette à quelques centimètres de l’œil gauche de mon nouvel ami. La chaleur de la braise s’effaçant dans la petite marre de pluie nous gratifia d’un petit « pschitt » avant qu’une minuscule volute de fumée ne s’échappe et se perde à jamais.

« Tiens donc, le clan Nishijima. Et t’es qui gamin pour te pointer ici et faire ton cirque ? Je ne parle même pas de ton pote. Tu demandes si sa dette a été payée ? Je ne crois pas non. Il a cané dans le caniveau comme le rat qu’il était et t’es bien le premier à te pointer ici comme une fleur pour savoir comment ça va. »

Doucement, je me relevais, faisant craquer l’un de mes genoux avant de me reculer de quelques pas. Fouillant dans mes poches, j’en sortais un petit couteau suisse que je jetais devant les yeux de mon nouvel ami.

« Un doigt ! Je suis sympa, je te laisse choisir lequel. Voilà ce que ça te coûte sa dette. »

Sortant une nouvelle cigarette, je l’allumais avec peine sous l’humidité ambiante. Tirant une longue bouffée, je me demandais s’il arriverait à réaliser son yubitsume avec une lame de trois centimètres, à peine affûtée. Mais c’était le prix.

« C’est le prix du sang ! »

Sujet: Re: [FB] Un crétin dans la ville.

"Tch !"

Il détestait avoir à marchander avec les autres clans en général, mais vu l'importance des Coglione, il était presque obligé d'accepter n'importe quelle requête sans pouvoir émettre la moindre objection. C'aurait pu être vrai si la proposition qu'il pouvait offrir était inférieure à la requête initialement formulée, mais il avait toujours cet atout, ce faire valoir infini qui pouvait changer tout arrangement...
Trempé pour trempé, il se fichait bien de son apparence actuellement. Il se redressa doucement après avoir saisi le canif qui lui était présenté, plaçant la lame proche de son petit doigt gauche en préparation. Sa voix s'éleva alors, loin de se vouloir provocante mais assez forte pour montrer sa bonne foi et sa sincérité.

"Loin de moi l'envie de me défiler, je le couperai si ce que j'ai à vous dire ne vous convient pas, et plus encore s'il le faut. J'ai les capacités de vous offrir quoi que ce soit que vous puissiez désirer, à condition que ça ne trahisse pas les miens. Mon sang est celui de la branche principale et même si je n'ai pas peur de le faire couler pour laver l'honneur des Nishijima, j'aimerais me montrer digne d'une tâche plus grande encore en guise de bonne foi."

Il était sincère, la lame du canif, aussi peu aiguisée qu'elle était, ne parvenait pas à couper le doigt sur lequel elle était posée. Pour sectionner ça, il faudrait qu'il brise l'os à la main ou il n'y parviendrait jamais... Le vieux lui avait déjà brisé tous les doigts un par un une fois, ça ne pouvait pas être pire... Si ? Attendant la réponse de l'autre, il se remémorait les moments les plus douloureux de sa vie jusqu'ici ; serait-ce plus ou moins douloureux que la boule en métal qui lui avait broyé la jambe à l'examen ?

Sujet: Re: [FB] Un crétin dans la ville.

Malgré la pluie, la chance était avec moi, il pleuvait partout sauf sur ma cigarette que je pouvais fumer tranquillement. Déjà que la situation m’agaçait quelque peu, j’aurais été encore plus excédé si la tubulure de papier contenant ma drogue légale s’était totalement trempée, rendant mon petit plaisir impossible à assouvir. C’est sûrement cet état grâce pour ma clope qui m’incita à ne pas trancher moi-même le doigt du gamin quand il osa relever la tête et marchander sa dette. Il ne fallait pas chercher plus loin pour comprendre pourquoi le clan Nishijima n’était qu’un petit clan minable sans envergure. Face à une dette, on payse, on ne négocie pas. Ainsi, l’honneur était inconnu à ces bouseux ? Le lycéen devrait pourtant savoir que s’il n’y avait pas eu de représailles jusqu’à aujourd’hui, c’est parce qu’il n’était pas jugé utile de le faire.

« Ton sang est celui d’un Nishijima ? Et tu oses parler d’honneur à te défiler ? À qui crois-tu parler ? Je suis Coglione Ikari et tu sais ce que cela veut dire ! »

Dans le milieu et d’autant plus dans cette ville, il était de notoriété commune que Coglione Ikari, moi, officiait en tant que nettoyeur. Traduction, quand la Famille rencontrait un problème, j’étais chargé de nettoyer le dit problème, et ce, de manière définitive. Autant dire que mon surnom de « Nettoyeur » n’était pas usurpé depuis le nombre d’années que j’officiais en tant que tel.

« Ton petit doigt, ce sera le prix pour avoir pensé pouvoir négocier avant que la dette ne soit payée, et une fois que tu m’auras offert ta phalange, tu me diras en détail en quoi les Coglione pourraient avoir besoin de ta petite famille. »

M’approchant à nouveau du chien mouillé à mes pieds, je tirais ma lame de son fourreau dans un sifflement métallique bien connu de tout manieur de katana.

La scène était belle. Premièrement, un homme à la carrure hédonique, campé dans un costume noir bien coupé aux épaules agrémentées d’une chemise couleur anthracite. Deuxièmement, une pluie battante sur les deux protagonistes, donnant à la scène un côté dramatique. Troisièmement, un katana de qualité sorti de sa gaine laquée qui, d’une part, luisait sous le jeu des différentes lumières, et d’autres part donnait à la lame un coté solennel lorsque les perles d’eau ruisselaient le long du fil tranchant.

Pour l’heure, plus besoin de mots, mon regard était suffisant pour comprendre dans quelle situation le Nishijima était, d’autant plus que la faible lueur de ma cigarette ajoutait un effet scénique saisissant sur mon visage.

La pointe de Suraīsa, ma chère lame, devant la tête du prostré, l’eau gouttait devant son nez.

« Et surtout, j’attends toujours que tu te présentes petit Nishijima. Sache que je n’aime pas me répéter… »

Sujet: Re: [FB] Un crétin dans la ville.

Ouais, ouais, il avait bien compris... Quelle idée de tenter quelque chose d'intelligent et novateur face à un Coglione, franchement. En un sens, il avait de la chance de faire face au gratin plutôt qu'à une petite frappe hautaine. Un soupir scella la détermination et sa lassitude : adieu, petit doigt, il faudra trouver un autre moyen de se nettoyer l'oreille gauche discrètement.
D'une voix toujours claire mais trahissant légèrement son agacement, il répondit à son vis à vis.

"Nishijima Kensei... Quand j'serai par terre avec de la fièvre, me vidant de mon sang, j'pense que j'servirai plus à grand chose pour un moment... Et l'prend pas mal, mais ch'uis clairement pas l'genre de gars à m'défiler. Si t'as rien à d'mander à part un dédommagement physique, j'ai rien à offrir de plus, c'est aussi simple que ça."

De la main droite, il saisit son extrémité gauche fermement. Enroulés autour du fin membre, les doigts de celle de droite suivirent le puissant mouvement de levier effectué par le coude, disloquant complètement la phalange inférieure de son articulation. Un grognement étouffé par le canif qu'il avait préalablement glissé entre ses dents ne parvint pas à surpasser le bruit de la pluie.
Ses traits étaient désormais crispés par la douleur et la détermination. Il était comme seul, posant sa main meurtrie sur un coin pas totalement immergé par la pluie afin de limiter l'hémorragie à venir. Dans un coin de son esprit, il ressentait un certain soulagement à ce que le sang du rookie ne soit plus seul sur ce terrain hostile. Stupide sentimentalisme. Il posa la lame inefficace à l'endroit désormais ballant qu'était la base de son doigt et dans un kiai guerrier augmenté par sa stupide force, il appuya de tout son corps afin de broyer la chair plus que la trancher nettement.
Des larmes se mêlaient à la pluie coulant sur son nez baissé. Le kiai s'était transformé en cri de douleur qu'il avait appris à maîtriser, conformément à ce que son grand-père lui avait appris de force. Il s'était quand même bien entendu dans la ruelle, disons qu'il n'était juste clairement pas significatif de la douleur réelle qu'il ressentait. Se hâtant de bloquer l'hémorragie contre les vêtements de son propre flanc, il leva de la main droite le petit doigt sectionné en signe d'accomplissement.
Et maintenant, quoi ?
Il n'arrivait presque plus à parler ni réfléchir de façon cohérente, encore sous le choc, et la fièvre liée à l'infection naissante ne tarderait pas à l'assommer. Il ne fallait pas qu'il perde connaissance. Les yeux clos, invisibles lorsque sa tête pendait de la sorte, essayaient de limiter les interactions avec le monde extérieur pour se concentrer sur sa gestion de la douleur. Au fond de lui, il sentait son organisme lutter de toutes ces forces contre ce stress physique intense. Demain, il irait déjà mieux, mais pour l'instant...
...
...
...
Il se passait quoi, déjà ?

Sujet: Re: [FB] Un crétin dans la ville.

Ainsi donc, il fallait que certaines personnes jacassent à tout-va avant d’agir et de prendre leurs responsabilités. Et à première vue, ce Nishijima était de ces beaux parleurs. Pensait-il qu’en blablatant encore et encore, j’en oublierais ma demande initiale ? Non. Ordre était donné et l’offrande devait être faite pour réparer les erreurs commises. Pour autant, même s’il faisait les choses dans le désordre, ses paroles ne tombaient pas dans l’oreille d’un sourd même si pour l’heure debout devant le fautif, la pointe de mon katana toujours pointée vers lui, j’attendais sagement qu’il daigne se plier à la tâche qui lui incomber désormais.

Il mit du temps à agir, mais au final, il s’exécuta promptement malgré les difficultés apparentes de ma demande. Premièrement, je ne m’attendais pas à ce qu’il se coupe vraiment une phalange, du moins pas avec ce petit canif ridicule. Deuxièmement, vu l’état du couteau utiliser, il devait trouver une méthode radicale pour œuvrer et il avait opté pour une solution quelque peu violente, mais il faut le dire, assez efficace. Enfin, troisièmement, il rester à trancher dans le vif, littéralement. Mais après cette deuxième étape visant à briser et disloquer sa phalange, la volonté et la douleur étaient déjà tous deux présents. Couper peau, chair et nerfs devenait presque un jeu d’enfant.

Seulement, se faire couper un bout au cours d’un combat, avec l’adrénaline présente et toutes les sensations liées à l’affrontement d’un ennemi, on en oubliait facilement la douleur sur le moment. Or ici, les choses étaient bien différentes et contrairement à un coup reçu que l’on subissait, l’ablation volontaire demandait une force d’âme bien plus grande que ce que pouvait endurer le commun des mortels.

Livide, singeant une véritable douleur, la tête relevée, je le regardais d’un air hautain avant de prendre la parole.

« Je sais maintenant pourquoi la famille Nishijima n’est qu’un petit clan sans envergure. Sache que quand tu viens régler une dette, règle là avant de vouloir discuter et surtout ne vient pas jouer les martyrs, pas avec les Coglione, pas avec moi. »

Tirant une nouvelle latte de ma cigarette, j’attrapais une caisse adossée à un mur et me plantais dessus, devant le Kensei avant de lui mettre une gifle d'une main ferme.

« Réveille-toi ! Cautérise-moi ça ! » lui jetant mon briquet devant les mains.
« Assieds-toi maintenant. Tu ne comprends peut-être pas, ou pas encore les codes de ce monde, mais tu as su malgré tout agir en conséquence et assumer tes actes. Quant à tes jérémiades, sache que je n’en ai rien à foutre, d’autant plus que ce n’est pas pour un petit doigt que tu vas tomber sous la fièvre ou te vider de ton sang. »

Ma cigarette terminée, je l’écrasais dans une flaque de pluie avant de jeter le mégot dans une poubelle à proximité.

« Bien, maintenant que tu ne t’es pas défilé, sors-moi ton baratin, vends-moi ta tambouille et dis moi en quoi le clan Nishijima peut être utile aux Coglione. Je n’en ai rien à faire d’une dette potentielle que tu réglerais peut-être un jour, mais pour ce qui est des affaires, c’est autre chose. Alors si tu m’as balancé tout ça, c’est que soit tu as des idées en tête et je veux les connaître soit que tu as essayé de te défiler et c’est ta tête que je vais prendre. Maintenant parle sans ambages si tu tiens à rentrer chez toi ! »

Sujet: Re: [FB] Un crétin dans la ville.

Cautériser... Au briquet ? Ah... Il aurait pu en rire en temps normal. S'ils faisaient ça chez les Coglione, le taux de décès devait être anormalement haut. Les Nishijima avaient la chance d'avoir Daisuke, cette espèce d'armoire en costard qui pouvait utiliser ses propres fluides corporels pour régénérer les cellules des autres. Le vieux s'était assuré de l'avoir sous ses ordres directs pour qu'il ne puisse jamais s'échapper et exploitait grassement ses capacités lorsqu'il rossait son délinquant de petit-fils. Là encore, il savait qu'en rentrant, il subirait la douleur atroce que provoquait la fusion des deux parties du corps.
Il repoussa le briquet d'un geste mou. Déjà, le maintenir sous la pluie serait une corvée, mais moins que la sensation ardente de la char brûlée qui se propage dans les tissus en provocant des réactions impliquant une fois de plus de la fièvre.
Non merci.
Il ne disait rien, ne comprenant déjà pas la moitié de ce que l'autre racontait, encore un peu trop secoué par la perte d'un membre. Il redressa sa tête avec beaucoup d'efforts mais ne parvenait pas à savoir où se situait vraiment le regard de son interlocuteur pour le croiser. Espérant qu'il regardait au moins dans la bonne direction, il cligna des yeux pour en chasser les larmes, la sueur et la pluie avant de prendre la parole d'un ton rauque et fatigué.

"J'te proposais un bon plan... J'en sais rien d'si tu voulais plus qu'un doigt à ramener à ton boss... Ch'uis utile quand ch'uis en forme et là c'pu l'cas... T'as p't'êt' pas pris assez d'roustes dans ta vie pour savoir comment on s'sens quand on vient d'se trancher un bout d'soi... J'pas peur d'la douleur t'vois, j'm'attendais même à c'que tu m'crèves juste, c'est l'image qu'on a des Coglione chez moi... Mais j'trouvais ça important d'venir payer la dette du gosse. Pour que tout rentre dans l'ordre..."

Il avait marqué des poses pour reprendre sa respiration à plusieurs moments. Ses forces commençaient à revenir mais il ne devait pas le faire savoir. Il avait l'habitude à force, c'était comme ça qu'il avait survécu, aussi bien chez lui qu'à l'examen. L'effet de surprise, la gestion de son aura, il savait comment agir au meilleur moment pour vivre, pour les morts, pour le clan. Pour lui. C'était sa justice. Son équilibre. Les choses devaient rentrer dans l'ordre.

Sujet: Re: [FB] Un crétin dans la ville.

Eh bien, plus cette scène se prolongeait et plus j’avais le sentiment que nous étions en train de tourner en rond. Les choses me semblaient pourtant simples dans cette sombre ruelle illuminée par des néons ou deux énergumènes se tenaient là sous une pluie battante. Des idiots, j’en avais croisé mon lot, des gamins aussi, mais la combinaison des deux dans le cas de figure présent fait que notre rencontre à mon sens n’apporterait rien de bien utile à terme.

« Un bon plan ? Tu penses me proposer un bon plan avec ton petit jeu ? Je crois que t’as pas bien compris comment ça se passait par ici et surtout dans le milieu. En général, on paye les dettes que l’on doit, et justement, c’est ton doigt qui a payé la dette que ton petit clan devait aux Coglione. Et soi déjà heureux que ce ne soit qu’un petit doigt… »

Sincèrement, il me semblait clairement que la discussion n’irait pas plus loin que ça. Rangeant ma lame dans son fourreau, j’étais en train de me dire qu’il faudrait que je la nettoie en rentrant vu toute la pluie qui avait ruisselait dessus.

« Je vais t’apprendre une chose. Lorsqu’un type qui ne peut pas payer ou pour une autre raison peut être utile, il sait tout de suite nous dire ce qu’il peut nous apporter. Faussaire, politicien, commissaire de police et j’en passe. Dans ce genre de cas, on sait que ça nous sera utile. Mais toi, là, avec ta grande gueule enfarinée, tu me balances que tu pourrais me proposer un bon plan sans savoir quoi. Alors non, tes conneries, ce n’est pas un bon plan contrairement à ce que tu penses. »

Sifflant suffisamment fort pour passer le bruit de la pluie, de la circulation proche et des cuisines du restaurant à côté de nous, deux hommes firent irruption dans notre scène en duo. Armés de battes de baseball, ils encadrèrent le Nishijima.

« Maintenant, je vais te faire une fleur, car malgré ta stupidité, tu as quand même eu les couilles de venir et de faire amende honorable. Alors si jamais t’as une vraie idée qui germe dans ta petite cervelle, reviens nous voir. »

Le geste accompagnant la parole, je lui jetais l’une de mes cartes de visite avant de m’adresser à mes deux larbins à la cervelle peu développée.

« Virez-le moi, il nous quitte. »

Tournant les talons au prostré, je commençais à quitter les lieux quand de dos je lâchais quelques mots pour finir.

« Et laissez-lui ses genoux pour une fois, le caniveau suffira pour cette fois. »

Sujet: Re: [FB] Un crétin dans la ville.

Alors que je quittais notre petit théâtre de rue ou jouant le rôle du gardien des lieux face au singe pitre et envahisseur, le deuxième protagoniste de la saynète s’apprêtait à tirer révérence de manière plutôt musclée et contre sa volonté. Les deux larbins s’approchant de leur mission, ils constatèrent rapidement qu’ils ne faisaient pas le poids face au gamin, un simple lycéen et que faire appel à leur boss était bel et bien la meilleure des solutions. Ragaillardi par la situation, galvanisé par nos échanges ou tout simplement bon comédien après son pantomime tordu de douleur et de maladie après son yubitsume, le Nishijima m’adressa un au revoir plein d’énergie.


A cet instant, un déclic se fit dans mon esprit, une intuition, l’expérience ou le sixième sens, appelons-le comme bon nous semble. Le fait est que sa fraîcheur retrouvée me poussa à me préparer au pire. Tel le guerrier sur ses gardes, pied droit en avant, pied gauche en arrière à la perpendiculaire, je tenais le saya de ma lame de la main gauche, proche de la ceinture, tandis que ma main gauche s’apprêtait à aggriper la tsuka, la poignée pour porter un coup rapide et définitif.

Malheureusement, ou par chance, le singe prit la décision de s’échapper par les airs, abandonnant notre trio à son sort, laissant les deux larbins pantois, apeurés quant à la sanction qui pourraient survenir dans quelques secondes. Avant même que je ne décide s'il était nécessaire de punir ces deux incapables, ils prirent la décision de se sectionner l’auriculaire droit en signe de contrition.

Quittant les lieux sans prêter la moindre attention aux deux mutilés qui se pensaient sauvés par leur geste, j’adressais quelques paroles à moi-même sur un air amusé.

« On se reverra petit singe, on se reverra … »

Spoiler: