[FB] L'épée de la justice, la fleur et la clarté.

Sujet: [FB] L'épée de la justice, la fleur et la clarté.

L'examen Hunter était fini depuis quelques semaines et le temps de récupérer son énergie et se mettre quelques sous en poche, il n'avait pas encore trouvé le temps de rentrer voir Hana. Malgré tous les mauvais souvenirs et l'angoisse que lui procurait cet endroit, c'était chez lui plus que chez beaucoup de gens qui y résidaient ; enfin, après la maison que son père avait fait construire à côté lorsqu'il s'était marié pour fonder un petit nid douillet pour sa famille... Elle était abandonnée désormais et la plupart des affaires qui leur appartenait avaient été laissées sur place sans que personne ne vienne troubler l'ordre de cet espace où le temps n'agissait plus. Parfois, dans la navette qui menait à l'île des Nishijima, il avait l'impression de revoir dans ses pensées le salon où sa mère brodait avait Hana bébé sur les genoux. Elle souriait, ses longs cheveux de jais tombant en cascade sur le tatami. Parfois, il s'amusait à les natter pendant des heures sous le regard suffisant de son frère qui soupirait en lisant ses revues sur le droit pénal, amusant leur père qui leur frottait les cheveux en ricanant. C'était fini. Il soupira, un poids dans la poitrine lui intimant de respirer profondément pour passer l'éponge et se préparer à ce présent qu'il avait bâtit de ses propres mains.

Poussant le battant de la porte menant sur les jardins extérieur, il grogna en constatant que rien n'avait changé ; en même temps, il n'était pas parti pendant des années non plus, qu'espérait-il ? Un prétexte pour transformer sa peine et ses frustrations en une énergie qu'il lui faudrait pour se confronter aux personnes qu'il allait sûrement croiser avant de voir la seule personne pour qui il ne regrettait pas une seconde de subir tout ça.
La demeure semblait infinie tant en taille qu'en habitants. On le regardait de haut, de loin, ou on faisait semblant de ne pas le voir. On chuchotait, on gloussait, ou on lui lâchait une salutation plus ou moins fausse de vive voix, un air bien trop faux sur le visage pour qu'il ne se sente touché. Il y en avait aussi qui le saluaient poliment, avec une légère inclinaison pour honorer son rang au sein du clan ; il ne les voyait pas. Tous l'énervaient au delà de tout bon sens et son pas accélérait au fur et à mesure qu'il progressait dans la demeure, s'enfonçant dans la montagne près de laquelle la partie visible trônait.

Le vieux était sûrement dans son bureau et malgré que ses entrailles lui crient d'aller faire un rapport à son bisaïeul avant toute chose, son coeur ne connaissait plus que le chemin vers la chambre sombre et isolée de Hana, près de la pièce qu'il avait laissé à l'abandon depuis son départ. Ils avaient été placés plus loin que leur rang l'aurait exigé depuis la perte de leurs parents mais Momo passait quand même tous les jours s'assurer qu'ils ne manquaient de rien. Elle lui manquait, mais moins que Hana. Il se jura de passer la saluer avant d'aller voir le vieux et finit par atteindre la-dite pièce devant laquelle il s'arrêta, arrangeant ses cheveux et sa tenue un temps soit peu, s'assurant que l'odeur de transpiration n'était pas trop forte. Echec. Tant pis, il toqua à la porte et s'annonça avant d'entrer d'un air joyeux.

"Hana ! Devine qui c'est ?! ..."

Il marqua une pause, figé en voyant près d'elle une cousine éloignée qu'il avait presque oublié depuis le temps.

"Qu'est-ç'tu fais là, toi ?"

Ce n'était pas méchant mais méchamment ahuri. Toujours figé dans sa pose d'entrée, il attendait de comprendre ce qu'il se passait, ne préférant pas laisser son propre cerveau tirer ses conclusions hâtivement.

Sujet: Re: [FB] L'épée de la justice, la fleur et la clarté.

- … Quand je me lavais les mains, je sentis comme une présence derrière moi. Un frisson secoua mon corps…

Les cours étaient terminés depuis peu. Sae n’était pas directement rentrée chez elle ce jour-là. A peine sortie de classe, elle avait pris la direction de la maison du Patriarche de la Famille. Elle ne le portait pas spécialement dans son cœur, encore moins depuis les histoires avec Kensei, et la maison lui rappelait autant de souvenirs douloureux que joyeux. Les joyeux étaient les plus éloignés, les plus flous. Les plus douloureux étaient encore bien ancrés en elle, le dernier datant d’une année, tout au plus.

- … je levais les yeux vers le miroir, rien derrière moi. Je sentais la sueur froide perler sur mon front. La sensation d’être observée par une présence ne disparaissait pas…

Mais ce n’était pas pour le Patriarche que Sae allait visiter sa maison. Tant qu’elle pouvait éviter sa présence, elle ne se gênait pas pour le faire. Etant assez éloignée de sa lignée, généalogiquement parlant, sa présence était que rarement requise auprès du vieux. C’était pour Hana qu’elle visitait la maison le plus régulièrement possible. La petite sœur de Kensei était dans un état affligeant depuis que son père était décédé et que Kensei était parti à la dérive. Elle s’était enfermée dans un mutisme profond, un état presque catatonique. Elle savait par la grand-mère, une femme chaleureuse veillait soigneusement sur la santé de sa petite-fille, qu’Hana s’alimentait quand même. Peu, mais elle s’alimentait.

- Je me retournais doucement. Mon cœur battait la chamade. J’avais peur de ce que je pouvais découvrir. Mais derrière moi il y avait … -Sae prit une profonde et bruyante inspiration- Aaaaaaaah ! Cria-t-elle soudainement… Bsolument rien.

Sae avait pénétré dans la maison. A l’extérieur, tout semblait calme, propre. A l’intérieur, l’ambiance était morose, sombre. Sae avait retiré ses escarpins qu’elle déposait par la suite sur le tapis d’entrée. Un familière quinte de toux lui avait indiqué où se trouvait Momo, la grand-mère d’Hana et femme du Patriarche. Les fins collants de la jeune fille ne permettait pas de protéger ses pieds fragiles du froid du parquet, et elle n’avait pu retenir un éternuement.  Sae était allé dire bonjour à la grand-mère, et les deux avaient discuté un peu de la routine et surtout d’Hana. Elle était ensuite allée présenter brièvement ses respects au Patriarche, en évitant soigneusement son regard, si tant qu’il l’avait lui-même regardée. Elle avait pris ensuite la direction de la chambre d’Hana, qui était isolée au bout d’un couloir à peine éclairé.

- C’est là alors que je me rappelais d’une chose. J’étais pas partie faire pipi n’importe où… J’étais dans les toilettes du troisième étage. Je regardais alors avec crainte la troisième porte des toilettes. C’est de là que je sentais quelque chose émaner. Avais-je éveillé la colère de l’esprit qui hantait ces toilettes ? J’en avais bien peur…

Elle avait fait coulisser la porte qui menait à la chambre d’Hana. La pièce, troglodyte, ne possédait pas de fenêtre, mais était artificiellement éclairée dans une ambiance un peu chaleureuse. Hana siégeait comme à son habitude sur son lit, les jambes repliées sur elles-mêmes et elle regardait fixement le sol. Pauvre petite. Elle avait vu tellement d’horreurs en 8 petites années d’existence, Sae se demandait toujours si ses yeux limite vitreux voyaient vraiment le sol ou s’ils projetaient dessus des souvenirs de Kensei collé contre le mur par le vieux. Sae avait elle-même été une fois témoin de la violence du grand-père, quand elle trainait encore avec son cousin, mais ce fut une fois, et elle savait que ce genre de scènes se répétaient bien plus fréquemment.

- Mes jambes tremblaient au fur et à mesure que je m’approchais de la porte du troisième toilette. Je savais même pas si elles ne cèderaient pas avant même que j’y arrive – La voix de Sae trahissait sans aucun doute la peur qu’elle avait pu ressentir – Il fallait toquer trois fois sur la porte et appeler l’esprit trois fois. Hanako-san… Hanako-San… Hanako-San… appelais-je.

A la vue de sa cousine prostrée, le cœur de Sae avait ressenti, comme toutes les fois auparavant, une immense peine. En deux ou trois mouvements, elle avait retiré sa veste noire et ouvert un peu sa chemise, histoire de pouvoir respirer, balancé son sac par terre et rejoint Hana sur son lit qu’elle avait immédiatement prise dans ses bras. Sans grande surprise, Hana n’avait pas réagi, mais Sae y était habituée maintenant, aussi mal que ça pouvait lui faire d’être impuissante face à tout ça. Elle lui avait longuement parlé de tout et de rien, grattouillé la tête, le dos. Et finalement, elle s’était lancée dans une petite histoire horrifique dont la chute imminente ferait, Sae l’avait espéré, réagir sa cousine.

- Au début, rien. Puis… la porte s’ouvrit doucement, dans un long grincement… Elle était là…

Sae avait, tout au long de l’histoire, discrètement retiré une à une les barrettes qui maintenaient ses cheveux droits et impeccablement coiffés. Elle plongea brusquement du lit en secouant la tête de toute ses forces et en criant comme une damnée pour se mettre face à Hana, la tête baissée. Silencieuse, elle releva doucement la tête vers Hana, le visage caché par ses cheveux. Elle les écarta avec sa main et leva le voile sur une horrible grimace qui déformait ses traits. « Blehah » fit-elle la langue pendue.

Figée dans cette position, elle déplora intérieurement l’absence totale de réaction d’Hana.

La porte coulissa une nouvelle fois, et un autre protagoniste entra dans la pièce, découvrant en même temps une scène assez peu banale et peut être même assez ambiguë pour un esprit simple. Et simple était l’esprit de celui qui était entré dans la pièce. Son apostrophe en était clairement témoin.

Ce qu’elle faisait là ? Ça se voyait pourtant non ? Elle prenait soin de sa cousine. Sae se releva, les cheveux en bataille, la chemise débraillée. Elle lança un regard noir au nouvel arrivant. Un regard plein de ressenti envers son cousin dont la voix seule avait suffi à la jeune fille pour le reconnaitre.

- Je fais ce que tu ne fais pas. Je prends soin de ta sœur. Son ton était tranchant, sans appel. Kensei. Finit-elle par lourdement lâcher.

Sujet: Re: [FB] L'épée de la justice, la fleur et la clarté.

"T'es morte, p****** !"

Les traits de son visage se crispèrent et une colère sans borne naquit dans tous son être, bandant tous ses muscles et transformant sa carrure de Hunter nerveux en véritable démon prêt à transformer les jeunes filles en engrais pour chrysanthèmes. Bien heureusement, les deux dangers ambulants n'étaient pas seuls et le bouton "off" de cette transformation venait vers son frère d'un pas timide et léger. Doucement, les deux baissés, elle lui attrapa la manche et l'esquisse d'un sourire naquit sur ses traits que nul ne vit.
Comme une baudruche, ses traits se détendirent et de sa main libre, il caressa la tête de sa sœur comme il avait l'habitude de le faire.

"Je suis rentré, Hana..."

Souriant en écho sans en avoir conscience, ils profitèrent silencieusement de ce moment pudique mais précieux. Redressant le regard vers son ancienne camarade, son expression se figea entre ennui et colère.

"Qu'est-ç'tu fous encore là, toi ? On règle ça dehors ou au dôjô quand j'ai fini d'faire c'que j'ai à faire. T'as qu'à m'y attendre, j'parie qu't'as rien d'mieux à foutre !"

Les yeux mécontents de sa sœurs croisèrent les siens et il serra les dents dans une grimace proche de la peur, reprenant rapidement ses grands airs et la parole.

"Ou alors... Tu peux rester et on s'fait un thé ?"

Le visage d'Hana disparut de nouveau derrière sa chevelure massive tandis qu'elle tirait la manche de son frère vers son lit, saisissant au passage la manche de Sae qu'elle guida en miroir. Elle au milieu, le moment aurait pu paraître long et gênant si Kensei ne se réjouissait pas tant du bonheur de sa cadette ; espérons que la cousine ne se sente pas de trop dans cette intimité toute relative et ce silence aussi reposant que lourd. Après tout, elle avait failli manger la toute nouvelle puissance de Kensei dans les gencives quelques secondes auparavant...

Sujet: Re: [FB] L'épée de la justice, la fleur et la clarté.

p****** ? p****** ?? Mais pour qu’il se prenait l’autre huluberlu ? Des insultes à son égard, elle en avait déjà bien entendu. De la bouche de sa mère principalement. Mais pas p******. Elle dévisageait Kensei, le visage cramoisi, ne cherchant même pas à cacher l’intense haine qui l’animait. L’entièreté de son corps tremblait de rage. Vas y, ose me crever sur place, montre-moi que tu veux pas mieux que ton vieux, traître à la famille, pensait Sae. Si fort même que la réplique lui brûlait la gorge et menaçait de se cracher immédiatement à la face de son cousin. Mais le regard noir d’Hana lancé à Sae suite à ses chaleureuses salutations envers son cousin suffit à l’en dissuader. En plus d’une demi-année, elle avait essayé par tous les moyens à faire réagir Hana, et le jour où elle réussit enfin, elle se mange un terrifiant regard noir de la petite fille de huit ans. Sae avait la gorge nouée. Mais elle ne se laissait pas démonter pour autant. Elle fit juste un pas vers Kensei, le torse bombé, le visage déformé par la haine, pour se mettre juste devant Hana, le bras tendu entre elle et Kensei, pour la protéger. Dieu seul savait ce qu’il comptait faire.

A cet instant, l’incompréhensible se produisit. Hana repoussa gentiment le bras qui était censé la séparer de son frère. Sae n’émit presque aucune résistance. Abasourdie, elle vit sa petite cousine marcher lentement vers son frère, emplie d’une douceur insoupçonnée. De cette même douceur, elle s’agrippa à la manche et posa sa tête contre son frère. Son visage était caché par ses longs cheveux mais la gentillesse qui se dégageait de ses mouvements ne trahissait aucune aucune crainte de la part de la jeune fille. A quelle scène Sae assistait elle ? Hana agissait, bougeait de son propre chef. Même après des mois à s’être occupée d’elle, la seule réaction qu’elle avait pu obtenir était un timide hochement de tête ou une brève étreinte au bras. Jamais elle n’avait accueilli Sae de la sorte. Hana agissait comme si c’était LA chose qu’elle avait attendu depuis des mois. Il était revenu, avait dit son cousin. Elle ressentit immédiatement une vive douleur à la poitrine lorsque son cœur manqua plusieurs battements. Revenu d’où ? Kensei avait trahi la famille. Il avait abandonné Hana. Il l’avait abandonnée elle aussi. Il n'avait aucun droit légitime de se trouver là. La colère de Sae envers son cousin était toujours aussi véhémente, mais ce n'était désormais plus la seule émotion à l'habiter. Le comportement d’Hana avait déclenché en elle une montée de frustration amère et une incompréhension certaine. Ses traits pourtant s’adoucirent face à la scène, son teint gardait quand-même un ton rouge, mais loin du masque cramoisi de la colère précédente. Elle sentait une chaleur monter dans ses joues. Les larmes montaient alors que ses cousins partageaient une étreinte dont elle avait toujours rêvé. Elle avait consacré tellement de temps, tellement d’amour à sa cousine. Alors pourquoi c’étaient-ces deux-là qui étaient figés dans une étreinte, paisibles, provocant même le temps qui semblait s’être arrêté pour eux? Elle tourna silencieusement les talons pour cacher son visage honteux, incapable d’en supporter plus. Elle était évidemment de trop dans cet intime décor, aussi douloureuse que cette dure vérité lui paraîssait. Elle s’affaira silencieusement à regrouper les épingles à cheveux qu’elle avait parsemé sur le lit, et évitait soigneusement de ne pas regarder l’entrée de la pièce ou la fratrie s’enlaçait. Une fois retrouvées, elle les coinça toutes entre ses lèves et commença à remettre ses cheveux en place, non sans avoir reboutonné sa chemise au préalable. Elle entendit alors Kensei parler dans son dos. Le ton, l’ampleur de la voix. Il ne parlait manifestement pas à Hana mais bien à elle.

Ç’en était trop. Elle commençait à trembler de plus belle. La colère refaisait de plus en plus surface. Elle relacha ses cheveux qui retombèrent sur son dos, tout comme ses mains désormais crispées retombèrent le long de son corps. Ces dernières paraissaient prises de spasmes incontrôlés. Elle ne put retenir ses larmes, qu’elles soient d’émotion ou de rage. Sa respiration se faisait saccadée, l’idée d’étrangler son cousin émergeait exponentiellement dans son esprit. Elle tentait de se contenir. L'effort était tel que ses épingles à cheveux se déformaient sous la pression de ses dents et lèvres, serrées comme jamais. Si quelqu’un pouvait présentement lire les auras, il sentirait une puissante envie de meurtre émaner de Sae et envahir la pièce au point d’en devenir étouffant.

Une main frôla l’une des sienne. Une douce main, qui attrapa le bout de sa manche. Par réflexe, Sae faillit violemment se dégager avant de comprendre en une fraction de seconde que c’était la petite Hana qui avait agi de la sorte. Ce qui la calma aussitôt. Une nouvelle gerbe de larmes inonda les joues de l’adolescente. Aussi ferme que douce, Hana tirait sur la manche de sa cousine et l’attirait quelque part. Sae la suivit le dos tourné vers les deux autres. Ses jambes rencontrèrent un obstacle et même sans le voir Sae, connaissait trop bien la chambre de sa cousine pour savoir que c’était le lit de la petite. Elle s’y assit, le visage tourné de sorte que ni Hana ni Kensei ne puisse la voir. Elle se sentait confuse. D’un côté, elle nourrissait une profonde rancœur envers Kensei et évitait soigneusement que son regard ne croise une partie de son anatomie, et le comportement d’Hana la laissait mentalement hagarde. D’un revers de manche, elle essuya ses larmes en reniflant bruyamment.

- Du thé… dit-elle la voix rauque et hachée. Du thé... Je… je vais descendre en faire.

Elle tourna enfin sa tête, les yeux boursouflés. Elle sourit mollement à sa petite cousine et se libéra délicatement de son emprise, qu'elle la maintienne ou non, pour se diriger droit vers la sortie de la pièce en manquant de glisser sur son propre sac qui avait été jeté près de la porte. Elle se rattrapa de justesse au mur et quitta la pièce. Le dos contre la porte, elle poussa un très long soupir saccadé et se dirigea vers la pièce la plus proche où il était possible de trouver trois tasses propres, une bouilloire et du thé.

Elle remonta quelques instants plus tard. Se retrouver un moment seule à faire du thé lui avait permis de laisser libre court à ses émotions de s’extérioriser, principalement par le biais de larmes. Son visage était encore marqué par le passage de ces dernières, mais ses mains ne tremblaient plus d’un iota, et une seule suffisait à implacablement porter le plateau où elle avait déposé tasses, biscuits et bouilloire fumante. Cette posture droite, parfaite, était sans rappeler celle qu'on inculquait aux jeunes filles Nishijima à l'école. Elle s’assit exactement à l’endroit où elle siégeait avant de quitter la pièce, laissant Hana entre elle et Kensei et fixait désormais le plateau de thé qu’elle avait déposé sur ses genoux, silencieuse.

Sujet: Re: [FB] L'épée de la justice, la fleur et la clarté.

Il remarquait les fluctuations dans l'aura de Sae mais n'y prêta pas plus d'attention ; après tout, il avait enfin pu revoir la source de sa motivation ces derniers mois, la seule chose qui lui avait fait tenir bon dans l'enfer de cet examen maudit. Elle s'était levée, faire du thé. D'accord. La chambre d'Hana sentait le shampoing et la crème pour le corps, ou peut être était-ce parce que sa tête était à quelques centimètres de la sienne. Il avait envie de sa serrer dans ses bras et de lui montrer d'une façon ou d'une autre tout ce qu'il avait accompli et traversé pour elle. La pression de son épaule sur la jeune fille lui fit lever la tête et le regard presque larmoyant qu'elle avait fit naître sur ses traits une grimace triste.

"Tu veux... Que je te raconte ?"

Elle acquiesça, mettant un doigt sur les lèvres de son frère avant de pointer la porte par laquelle Sae était sortie. Sae ! Une foule de souvenirs enveloppa l'image mentale qu'il avait de la scène, Sae avait toujours été là : pour lui, pour combattre, pour défendre, pour s'enfuir, pour rire, pour Hana.
Pour le thé.
Elle posa le plateau sur la table basse et sa chevelure n'était plus sa seule chose à bouger avec ses mouvements. Il essaya de croiser son regard avant de chercher celui de Hana qui l'autorisa à poursuivre.

"J'allais raconter... Maintenant que t'es là... Si ça t'intéresse de savoir ce qu'il s'est passé... ... Ça va ?"

Les yeux rougis de Sae et sa voix venaient de percuter le neurone ramolli du nouveau chasseur gâteux. Quelque chose s'était passé en cuisine ? Un début de panique s'empara de lui jusqu'à ce qu'elle ne réponde.

Sujet: Re: [FB] L'épée de la justice, la fleur et la clarté.

Si ça allait ? Il fallut à Sae une dose exceptionnelle de self control pour éviter que ses mains ne perdent pied encore une fois et qu’elle ne verse le thé brûlant autre part qu’à l’intérieur des tasses. Si ça allait ? Oui oui tout allait bien ! Elle était en train de servir un thé à un paria qui n’avait même plus le droit de poser les pieds sur le domaine sous peine de se faire promptement exécuter. Et si quelqu’un les surprenait là, tous les trois dans la même pièce, elle et Hana seraient vues comme ses complices. Et Sae connaissait bien le sort réservé à ceux qui désobéissent aux règles du clan. Lorsqu’elle avait quitté la pièce quelques instants plus tôt, l’idée d’aller prévenir le Patriarche de la présence de Kensei lui avait traversé l’esprit. C’était évidemment la chose à faire selon le code de la famille mais elle se serait inévitablement attiré les foudres d’Hana si jamais elle avait agi de la sorte. Car contre toutes ses attentes, Hana avait accueilli son frère tellement, tellement chaleureusement, elle ne voulait pas briser davantage le cœur déjà émietté de sa petite cousine. La lutte dans son esprit fut difficile. Elle jouait actuellement avec sa propre vie. Et celle d’Hana par la même occasion. Et en même temps, elle voulait offrir à Hana ce moment de bonheur et d’insouciance. Ce thé pourrait très bien être son dernier avant de rejoindre le pilori. Elle ne voyait absolument pas ce qui pourrait mal aller ! C’est vrai ! Puis son visage rayonnant et ses yeux absolument pas boursouflés étaient également d’excellents indicateurs de son bon état. Pourquoi cet imbécile posait il la question ? Tout allait bien. T O U T.

Comme la bonne ménagère qu’on voulait qu’elle soit, elle reposa diligemment la théière avant de distribuer à chacun sa tasse de thé fumante. Elle demanda à Hana de faire attention à la chaleur de sa tasse et se permit même de souffler un petit filet d’air sur le liquide par prévention. Elle enfonça moins délicatement la tasse d’un Kensei hagard entre ses mains sans chercher à croiser son regard puis elle reprit sa place initiale, tasse à la main. Elle but deux gorgées délibérément bruyantes avant de reposer sa tasse encore pleine sur le plateau. Elle prit une profonde inspiration et daigna enfin regarder Kensei doit dans les yeux. Elle croisa dans un geste brusque ses bras sous sa poitrine ainsi que ses jambes, trahissant à la fois une colère froide et une certaine réticence à écouter son cousin. Elle voulait lui répondre, mais aucune parole agréable risquant de ne pas froisser sa précieuse Hana ne lui vint à l’esprit. Sa mâchoire ne voulait se desserrer. Une grosse goutte de sueur perlait sur son front.

Son esprit était embrouillé. La mère de Sae lui avait clairement expliqué ce qu’il s’était passé avec Kensei, alors pourquoi Hana avait-elle l’air de le protéger ? Frère ou pas, il restait un traitre à son sang. La bataille faisait rage dans sa cervelle alors qu’elle continuait de plonger son regard dans celui de son cousin. Sa main finit par trouver celle d’Hana, et la douceur de cette dernière agit comme un déclic. Hana n’avait pas dit mot, mais ses actions démontraient une volonté d’établir un dialogue entre les deux têtes brûlées. Kensei avait consenti un effort. Il fallait qu’elle fasse également un pas. Pour Hana. Elle finit par parler, à demi-mots.

Je crois oui… que tu nous dois quelques… explications… Kensei.

Sujet: Re: [FB] L'épée de la justice, la fleur et la clarté.

Elle n'avait décidément pas l'air d'aller bien... Sa voix, son attitude, elle semblait fiévreuse ou quelque chose du genre. Ne sachant pas trop comment réagir et ayant quand même envie de raconter son épopée, il préféra suivre les invitations et commença à narrer d'une voix au début hésitante.

"Ben... Après qu'le vieux m'ait foutu dehors pour participer à l'examen Hunter, j'ai pas eu trop l'choix vu que j'avais pas un rond et pas de toit dehors... J'ai traîné comme une merde pendant quelques jours pour avoir des infos sur ce putain d'examen, jusqu'à c'qu'un gars m'dise que j'avais d'la chance parce qu'il commençait bientôt et qu'une navette devrait passer dans les jours à v'nir chercher les nouveaux candidats. J'ai dormi chez une vieille à Yokohana en attendant l'bateau puis on a voyagé pendant looongtemps."

Les souvenirs lui montaient au cerveau, le coupant das son explication avec la sensation d'une baudruche qui se dégonfle. Ça avait été long et particulièrement laborieux. En tant qu'habitant d'une petite île, prendre la mer n'était qu'une formalité, par tous les temps et malgré la hauteur des vagues ; ça n'avait clairement pas été le cas d'une partie des voyageurs qu'il aurait bien balancé par dessus bord plutôt que de les voir vomir et sombrer inconscients sur le navire. Il les avait finalement, sur commande d'un gars "trop précieux pour être vrai", rassemblé les petites b**** dans la soute où deux filles s'étaient occupés d'eux jusqu'à ce qu'ils débarquent. Il ne savait pas quelle route ils avaient pris mais à l'ambiance, il n'avait pas l'impression d'avoir quitté Kukanya. Avaient-ils fait un mini "tour du monde" pour revenir près de chez lui. Il préférait ne pas y penser pour éviter de s'énerver, ce qui interrompit ses dix-quinze secondes de mutisme hébété.

"Heu, ouais, du coup on a commencé l'examen par un genre de jeu de piste avec des questions, j'ai rien bité mais apparemment c'était ce qu'il fallait du coup j'ai accédé à l'épreuve suivante... Après y avait un truc physiques où fallait monter en haut d'une cheminée en utilisant plein de passages piégés en un temps limité... J'aurais presque remercié l'vieux parce que franch'ment, physiqu'ment, j'pense que c'est un des trucs les plus chaud qu'j'ai fait d'ma vie... A partir d'un moment, j'ai eu l'aide de deux-trois gars sympa, faudra qu'vous les présente un jour, mais c'pas l'sujet aujourd'hui. Attends... J'en étais où déjà..? Ah ! Oui ! Après la ch'minée y a eu un truc à Numelle, un genre de parcours où fallait suivre un gars ; heureusement qu'dans l'clan on a des habitués, j'me suis bien souvenu de pas perdre le guide de vue et de laisser les retardataires à leur propre sort ! Bref, ça a marché mais qu'est-c'qu'i'courait vite, le con ! J'avoue que j'étais un peu trop focalisé sur le fait de l'suivre pour me rendre compte de c'que les autres foutaient mais putain, entre la ch'minée et ça, on avait perdu plus de la moitié des gars !"

Il sirota de son thé un peu moins chaud pour hydratée sa gorge peu habituée à tant parler.

"Et là, c'est que la moitié mais j'pense que j'vais pas tout raconter autant, grosso merdo on a du se battre en équipe et seuls, chercher un trésor au fond d'une ruine que j'm'en battais les couilles ; les examinateurs passaient leur temps à raconter leur vie sur les différents types de Hunter et tout, c'était un peu relou par moment... Ah et on avait des temps de repos aussi pour les dernières épreuves, histoire de pas être tous cassés en enchaînant. Du coup après on a eu des duels, j'pense qu'après la ch'minée, pour moi, c'était carrément l'plus dur... Les gars, c'étaient des malades - on était déjà plus que cinq ou six, je sais plus - et c'étaient des mecs qu'avaient la niaque, tu vois ? Les gars, c'était toute leur vie de devenir Hunter ! Moi, au début j'y allait juste parce que l'vieux m'y avait envoyé avec un coup de pied au cul mais franchement... J'peux t'dire un truc, c'est qu'aujourd'hui, ch'uis vraiment fier d'être Hunter... J'ai roté du sang plusieurs fois mais c'peut être un des trucs les plus cools que j'ai pu vivre, maintenant que j'ai fini. Ouais nan, parce que sur le coup, j'avais quand même envie d'rentrer m'faire rosser plutôt que d'rester là bas ! Haha ! I'm'restait un pote dans la course, un mec vraiment bien, j'pense que j'aurais jamais réussi sans lui - c'était la troisième fois qu'il tentait et j'pense qu'il aurait pas réussi sans moi non plus... Alala, c'était cooool..."

Il était reparti dans ses rêveries au point d'oublier de reprendre la parole rapidement. Complètement dans le gaz, il oubliait même où il était et à qui il racontait tout ça. Le retour sur Terre allait sûrement être plus violent que prévu...

Sujet: Re: [FB] L'épée de la justice, la fleur et la clarté.

Sae n’avait dit mot à partir du moment où Kensei avait commencé à prendre la parole. Elle avait au débit gardé sa posture droite et digne en signe de défi envers son cousin paria. Enfin digne… Le plus digne possible avec sa tête de zombie, mais elle était restée imperturbable. Elle attendait des réponses claires et concises. Finalement, elle n’était pas sûre d’avoir eu vraiment ce qu’elle appelait une réponse concise. Ni même ce qu’elle appelait une réponse. En tout cas, pas à ses questionnements.

Le « récit » de Kensei était très brouillon, désordonné. Elle ne savait même pas s’il parlait à ses interlocutrices ou si son cerveau mou laissait échapper par inadvertance des paroles presque hasardeuses. Le visage de Sae changea vite d’expression. Son visage limite hautain et fermé quelques instants auparavant passa par plusieurs expressions distinctes au fur et à mesure que son cousin déballait ses souvenirs à une vitesse ahurissante. Tout d’abord ses sourcils se froncèrent. Suivre la palabre de Kensei demandait un effort de concentration tellement poussé si on voulait réorganiser et assimiler les informations que l’adolescent essayait de transmettre qu’elle finit par se pencher en avant et tendre l’oreille pour espérer mieux comprendre son cousin. Heureusement qu’elle avait reboutonné son chemisier, sinon les yeux de Kensei auraient pu avoir libre accès à la poitrine plus que naissante de la jeune adolescente, et ses paroles déjà peu compréhensibles auraient surement fini par devenir purs babillements. Ensuite vint l’incrédulité, quand elle arrivait à comprendre quoi que ce soit. Kensei semblait avoir vécu des aventures dangereusement inimaginables pour l’esprit de Sae. Elle qui avait été toujours enfermé dans une routine pépère, elle n’avait pas vraiment conscience de ce que renfermait le monde extérieur. Kensei lui en apportait une vague idée. Très vague. Peut-être en rajoutait-il des caisses, mais le garçon qu’elle avait connu n’avait jamais été un gros vantard. Et sans nul doute que le benêt qui se trouvait devant elle était bien son cousin. Son parler n’avait pas changé. Enfin si, il paraissait encore plus vulgaire, plus cru à ses oreilles que par le passé, mais peut être que ces dernières n’étaient simplement plus habituées à l’entendre. Ou la colère en son encontre avait occulté petit à petit ces souvenirs. Colère temporairement mise de côté face à son récit déconcertant. Plus que mise de côté, elle était plus précisément remise en question. Certains détails la travaillaient plus que d’autres dans ce qu’elle avait déchiffré du récit.

Son cousin était donc devenu un Hunter. Il y a un an, elle aurait douté du fait qu’il réussisse l’examen réputé difficile. Aujourd’hui, elle ne remettait pas en doute ce fait. Kensei était reconnaissable, mais il avait beaucoup changé. Il avait toujours sa tête un peu ahurie et ses cheveux décolorés, mais il avait bien grandi, il était mieux bâti, son visage s’était engaillardi. Loin du gringalet qu’il était il y a encore un an. A cette époque, Sae était même un peu plus grande que lui. Ce n’était évidemment plus le cas.

Kensei s’était arrêté dans son histoire, perdu dans ses pensées. Ou peut-être son cerveau s’était simplement arrêté après tant d’effort mental ? Mobiliser des souvenirs clairs et précis semblait être un véritable labeur. En tout cas ça l’était pour les oreilles de Sae. C’est vrai qu’il ne parlait pas autant avant. Et c’était plutôt le genre de gamin à sortir des expressions nazes de nulle part ou de la philosophie de comptoir aussi bête que percutante. Mais ce moment de répit était bienvenu. Sae butait. Son récit la dérangeait, et ce n’était pas que dans la forme. L’adolescente, visiblement en pleine réflexion, se tourna vers Hana, qui n’avait toujours pas ouvert la bouche. Mais le regard de sa cousine, son visage devenu si expressif depuis l’arrivée de Kensei indiquait qu’elle buvait ses paroles encore et encore, et qu’elle n’en avait pas eu assez. Elle ne semblait pas dérangée le moins du monde par ce que disait son frère. Finalement, Sae brisa le silence. Sa voix était devenue quelque peu hésitante, mais elle put au moins exprimer le fond de sa pensée.

« Heu… Quand tu dis que le grand-père t’a envoyé passer l’examen, tu veux plutôt dire qu’il t’a banni du clan non ? Et que pour t’en sortir, t’as pas eu le choix ? C’est ça… hein ? »

Elle était visiblement perturbée.

Sujet: Re: [FB] L'épée de la justice, la fleur et la clarté.

"Hmm ?"

Perdu dans ses souvenirs, il revenait doucement à lui grâce à l'intervention déterminante de sa cousine. Lui ? Banni ? Il n'était pas au courant, mais ça ne serait pas totalement surprenant... Faudrait-il qu'il aille voir de vieux dès maintenant pour s'assurer de son statut ? Inutile, on l'aurait appelé sur son Beatle-07, c'était spécifiquement pour ce genre d'occasion qu'il en avait reçu un. Sae pensait même qu'il avait été banni avant l'examen ? Définitivement impossible, il ne s'était écoulé que quelques semaines depuis son départ à cette époque !
Sa main balaya les inquiétudes qu'ils pouvaient avoir, il en était sûr, elle n'avait rien compris. Ça expliquait aussi les salutations "chaleureuses" auxquelles il avait eu droit. Alors comme ça, le vieux s'amusait à répandre des rumeurs de merde pour rendre son retour encore plus compliqué ? Il serra le poing et serra les dents, imaginant déjà le bruit de son poing dans ce qu'il espérait être sa mâchoire.

"J'ai l'butter... J'te jure j'vais m'le faire... Oser m'envoyer dans cette merde pour dire à tout l'monde qu'il m'a banni ?! Sérieusement ?! J'te promets qu'vais m'faire un collier avec ces entrailles, à ce gros bâtard de fils de p*** de merde !!!"

Il commençait à voir rouge quand la main de Hana se posa sur son poing où ses ongles faisaient couler un maigre filet de sang.
Il se calma légèrement et retira sa main rapidement pour essuyer le sang avant qu'il ne touche quoi que ce soit dans ce sanctuaire de pureté. Ses yeux avaient du mal à faire l'impasse sur la rage qu'il ressentait. Elle faisait non de la tête. Il savait qu'il serait celui qui crèverait... Mais quand même ! Elle faisait toujours non de la tête, elle brûlait d'envie de le dire !

"Il a rien dit !"

Elle pinça ses lèvres et retourna à son mutisme, tremblante. Ce n'était pas la faute à son papi, ni la faute à Sae ! Ça ne pouvait pas ! Elle attrapa la main de sa cousine avec une fermeté qu'elle n'avait pas du connaître souvent. Elle disait la vérité, avec toutes les implications que ça avait. Le grand père n'avait rien aidé, ni en bien, ni en mal. Elle savait la vérité sur son frère et n'avait jamais pensé que quiconque pouvait interpréter son départ de la sorte ; après tout, si elle avait su, elle aurait dissipé le doute dans l'esprit de son aînée plus rapidement ! Quelle était donc cette histoire saugrenue ?
De son coté, Kensei n'y comprenait rien et n'avait pas envie d'y réfléchir plus que ça pour le moment. Ce qui comptait, c'était que Sae et Hana sachent la vérité, c'était plus que suffisant. Silencieux, il commençait à calmer son cerveau pour analyser la situation avec plus de recul d'ici la fin de la journée...

Sujet: Re: [FB] L'épée de la justice, la fleur et la clarté.

La scène semblait soudainement surréelle. Hana qui parlait, Sae qui... Pleurait ? Étaient-ce bien les personnes sus-nommées ? En tout cas, Kensei avait toujours l'air aussi ahuri, ne comprenant plus grand chose, partagé entre la rage, la stupeur et l'incompréhension totale.
Ne sachant plus s'il devait serrer les poings ou se détendre, il regarda les deux filles de la pièce à tour de rôle, les traits crispés mais la bouche de plus en plus ballante, pour finalement répondre à sa cousine sous la pression de leur silence.

"Mais p***** ! Mais j'ai pas pu, quoi ! Tu crois pas que ch'erais parti comme un c****** si j'avais eu l'choix, p***** ! Y m'a balancé dehors pour que ch'fasse ce p***** d'examen après m'avoir défoncé la gueule ! Y voulait que j'crève ou que j'revienne comme un chien qui rampe, mais ch'uis pas un faible, moi ! J'y suis allé et j'l'ai réussi c'p***** d'exam' de merde ! Tu d'vines bien qu'ch'erais pas parti pour l'faire de moi-même, ce truc à la con !"

Il criait, viscéralement, intérieurement peiné dans qu'il ne sache comment l'exprimer. Comment le vieux avait-il osé le laisser pour mort ou pire, banni ? Hana et Sae avaient du s'inquiéter pour lui au delà de ce qu'il avait pu imaginer, peut-être même l'avaient-elles cru fautif au point de se faire réellement bannir ? Il était au fond de lui de plus en plus en colère après son vieux croûton de grand père mais son inquiétude envers son image et la sérénité de ses quelques proches permirent de temporiser la bête qui attendait son heure, balbutiant d'une voix presque suppliantes ce qu'il pensait tout bas.

"J'pas eu l'choix... J'ai pas pu... Mais j'pensais que... 'Fin... Pas ça, quoi..."

Il ne pensait pas grand chose, certes, et ne savait surtout pas comment le développer. Hana semblait aussi chamboulée que lui et attrapa ses deux gardiens avec une force d'enfant, canalisant toute l'émotion du moment en elle.
Elle ne pleurait pas. Elle pleurait rarement.
Les tremblements des deux personne qu'elle estimait le plus lui faisait serrer plus fort ses petits bras dans leur dos. C'était sûrement un des moments les plus intimes et précieux de leur existence.